Mais qui est donc
Alain Cuniot...
En France, avant le Québec
Biographie reconstituée par Guy Brun*
précédé d'un texte de Max-Pol Fouchet
* Guy Brun est un ami d'enfance d'Alain Cuniot et a suivi toutes ses activités dès le début. |
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Mais qui est donc Alain Cuniot ? Texte de Max-Pol Fouchet |
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Lorsque je l'ai rencontré la première fois, il
m'avait parlé de Voltaire, ce qui n'était pas un vilain sésame. C'est ainsi que je consentis à jouer le rôle du poète, composition aisée, dans son premier grand film : L'or et le plomb, que lui avait inspiré un conte de l'auteur de Candide, dont je le soupçonnais d'avoir quelques traits. Je parle ici de Candide l'optimiste. Lorsque son deuxième film d'importance : La Désirade subit quelques assauts de censure je me fis gloire de m'insurger à ses côtés contre les codes moralisateurs et policiers, lesquels vont de pair. Lorsque, des années s'étant égrenées sans discontinuité amicale, nous nous retrouvâmes au sein des ouvriers des usines Alsthom à Belfort, il s'agissait pour moi de présenter un recueil de poètes « spontanés » selon son terme, à l'origine duquel il était, ce que je fis avec une grande délectation. Entre-temps, j'avais su que cet étrange papillon s'était fait éditeur d'ouvrages anarchistes, ce qui m'éclaira davantage sur son humaniste curiosité. Comédien de bonne expression, il avait interprété tout autant Corneille que Shakespeare, Courteline que Tardieu, et parfois tout simplement Cuniot. J'avais appris également que ce farfadet, légèrement bedonnant et abondamment barbu, avait eu le privilège de l'hôtel avenue Élysée Reclus de Sacha Guitry, qu'il avait baisé la main de la veuve d'Edmond Rostand, correspondu avec Jean Giono, créé un journal aux côtés de Breton, Camus et Gide, partagé l'amitié de Michel Simon. Étonnamment, j'ai toujours du mal démêler ce qui appartient à ses premières décennies de ses dernières. Car ce que j'aime en cet homme, dont je suis quand même légèrement l'ainé, ce que tout en ayant rempli son intelligence d'une belle noria de savoir il conserve - à l'encontre de tant d'autres qui nourrissent un distingué désabusement au fil du temps - une émotion impétueuse, voire ingénue, propre à ce qu'on catégorise comme étant la jeunesse. Enfin il me souvient que le canal de l'Ourq nous avait réunis dans L'or et le plomb, car il aime Paris tout autant que moi. Et, tout autant que moi, il aime - précisément quand on aime profondément Paris - tous les peuples du monde. Il me parle des grecs avec passion, des russes avec un merveilleux étonnement, des marocains (un peu plus, je le dois à la vérité, des marocaines) avec une infinie tendresse. Il aime la poésie, la politique, la science, la peinture, le cinéma, la littérature, la philosophie, le théâtre, la musique, la chanson, que sais-je encore. Mais - et je crois bien que cela nous a rapproché encore plus solidement - il aime par dessus tout l'amour ; c'est à dire, pour des gens comme lui et moi, les femmes. Ce qui, de notre point de vue, résume tous les arts et toutes les idées. |
Alain Cuniot et Max-Pol
Fouchet
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Max-Pol Fouchet, écrivain, poète. |
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N.B. Ce texte est la transcription de trois interventions enregistrées de Max-Pol Fouchet - L'une lors de la présentation de L'or et le plomb au cinéma Le Savoie à Paris. - Une autre le lendemain de la présentation du recueil Les douze à Belfort. - La dernière au cours d'un entretien radiophonique à Radio Libertaire, en présence d'Alain Cuniot. Je me suis juste permis d'en faire un montage cohérent sans rien changer des phrases dites, à quelques mots de liaison près. Guy Brun |
Pourquoi cette biographie ? |
C'est vrai qu'Alain est loin d'être mort, et qu'il
nous réserve encore des surprises. Mais j'ai eu l'idée d'établir cette
biographie à la suite d'une conversation en février 1995 au cours d'un
séjour qu'il effectuait en France venant du Canada. J'évoquais sa
carrière. « Quelle carrière ? » me répondit-il. « Je n'ai jamais eu une
carrière. À la rigueur plusieurs petites carrières. Le grand public ne
me connait pas. Je ne suis connu que par un tas de petits cercles
spécialisés. »
Nous nous sommes connus à l'école maternelle à Reims, ensuite à l'école primaire, et au collège. Et nous ne nous sommes jamais perdus de vue et notre amitié n'a fait que croitre. Je crois que je suis le seul à avoir été témoin de tout ce qu'il a fait ( y compris ses mariages ), et de formation comptable et administrative, j'ai archivé régulièrement tout ce qui le concernait. Programmes, articles de presse sur ses rôles, ses films, ses ouvrages, ses poèmes, ses animations, ses conférences etc... Je lui fis le pari de pouvoir établir la liste de tout ce qu'il avait fait. « Comment pourrais-tu en savoir plus sur moi que moi ? ». « Précisément parce que toi c'est toi. » Il ne m'avait pas pris au sérieux. Un mois après je lui adressai douze pages. Il en fut consterné, et il en approuvait de l'amusement, il ressentait aussi une certaine panique. Je me souviens de son image : « Je n'ai fait que tirer des bouts de fils multiples sans jamais savoir où l'un m'aurait conduit si j'avais été jusqu'à l'autre bout. »
C'est bien là ce qui le caractérise. Il a toujours eu envie de toucher à tout - et je ne veux pas ici parler de politique - et peut-être en cela il n'a pas tout à fait tort; à vouloir tout toucher, on ne fait qu'effleurer. Mais c'était dans sa nature, et ce l'est toujours.
Chaque fois que quelque chose attisait sa curiosité, lors même entrant dans un autre domaine il savait suspendre ou arrêter celui qui paraissait le consacrer, il ne pouvait s'empêcher d'y aller fouiner.
J'ai préféré établir cette biographie par chapitres d'activités, mais il va de soi qu'elles se sont toutes entremêlées. Ce qui a amené de piquantes confusions. Je tiens de lui deux anecdotes.
Au moment de la sorti de son premier long métrage L'or et le plomb (qui fit couler beaucoup d'encre), il jouait en banlieue La guerre entre parenthèses. Au cours d'un repas avec l'équipe, l'éclairagiste qui se trouvait à côté de lui dit « Tu sais que tu as un homonyme - Ah oui ? - Il y a aussi un Alain Cuniot qui vient de sortir un film - Ah oui... c'est moi. »
Deuxième souvenir. Il rencontre un comédien qui ne le connaissait que comme comédien - Même histoire. « Tu sais que tu as un homonyme - Ah oui ? - Il y a un Alain Cuniot qui fait des articles scientifiques. Je viens d'en lire un, tout un dossier sur la mémoire de l'eau du fameux Benveniste - Comment l'as-tu trouvé ? - Passionnant - Merci... c'est moi qui l'ai écrit. »
Les gens figent les images. C'est vrai que si l'on veut faire carrière dans un secteur, il vaut mieux s'y consacrer uniquement, entièrement. Mais Alain aime tant désarçonner ! De toute façon, comme je le disais, c'est dans sa nature.
Elle ne changera plus.
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Auparavant |
Il a plus de trente ans quand il entreprend sa carrière artistique.
Avant ?
On le trouve calligraphe, agent d'assurances, représentant en matériel de bureau, comptable des bouchers en gros des abattoirs de la Villette, comptable chez Renault, "organisateur scientifique du travail" au Bureau d'Étude des Galaries Lafayette...
Il sera d'ailleurs licencié de ces deux dernières entreprises pour activité syndicale. Parallèlement il fait du théâtre amateur, monte un duo fantaisiste avec Émile Herlic (Claude Index et Jean Majeur...!) qu'il présente dans des cabarets à trois heures du matin... pour pointer à huit heures...
Et puis le théâtre, le cinéma, et la suite...
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COMME COMÉDIEN |
Au théâtre |
Pièces |
Mise en scène de |
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Pièces |
Mise en scène de |
- La
gloire
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Raoul
Dany |
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- Bubutz |
Alain
Cuniot |
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Lecture Don Quichotte avec Philippe Clay |
Joseph Béjart Molière mort ou vif |
De ses performances sur scène on retiendra
Gracchus Babeuf : |
Le roi Jean :
« Alain Cuniot vit devant nous avec une densité dramatique d'une vérité
hallucinante. »
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COMME COMÉDIEN |
En tournage |
Courts métrages |
Titre |
Metteur en scène |
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Titre |
Metteur en scène |
- Mémoire longue |
Jean-Claude Roy |
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- Rond-Point des impasses |
Gérard Gozlan |
Longs métrages |
Titre |
Metteur en scène |
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Titre |
Metteur en scène |
- Par dessus le mur |
Jean-Paul Le Chanois |
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- La Désirade |
Alain Cuniot |
À la télévision |
Titre |
Metteur en scène |
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Titre |
Metteur en scène |
- Le magicien malgré lui |
Pierre Boursaus |
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- Les cent jours |
Alain Boudet |
Nombreux enregistrements de commentaires de courts métrages, dont « Corsica corsa » de Philippe Cassard, et « Apartheid » de Pierre Clément - et d'émissions de télévision, dont « Rainer Maria Rilke » et « Bonjour Monsieur Tardieu ».
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COMME METTEUR EN SCÈNE |
Au théâtre |
Pièces |
Auteur |
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Pièces |
Auteur |
- Théâtre de chambre |
Jean Tardieu |
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- Flash Dingue |
Colette Lefebvre |
Une vingtaine de films publicitaires d'entr'acte, pour Publicis, France-Écrans, etc...
Courts métrages documentaires |
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pour |
- Prestations |
la C.C.A.F. (Caisse Centrale d'Allocations Familiales) |
- Action Sociale |
la C.C.A.F. |
- Champions et Anonymes |
le Ministère de la Jeunesse et des Sports
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Primé par le Centre National du Cinéma (C.N.C).
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- Au jeu d'métiers |
l'Institut Pédagogique National |
- Routes ouvertes |
la Fédération Unie des Auberges de Jeunesse |
C'est lors de ce tournage qu'est filmée pour la première fois la Cité Engloutie, au large de Sète. |
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- Trois Jeunes |
la municipalité de SainOuen |
- Élections,élections |
la municipalité de Garges-les-Ganesses
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Courts métrages de fiction |
Titre |
avec |
- La Naturalisée |
Roger Coggio - Primé par le C.N.C. |
- L'éveil |
Geneviève Cluny et Francis Lax |
- Escalier sur cour |
Nicole Courcel, Paulette Dubost, Françoise Bertin |
- Jeanne et Jacques |
Evelyne Ker et Philippe Rousseau |
Tournage La Naturalisée
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LES DEUX DIMANCHES aux législatives de 1973. Film non distribué.)
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- Coréalisateur de films
d'animation avec Julien Pappé et Camillo Osorovitz : David et Goliath -
Edgard le matin - Contre-courants. |
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- Malika de Jean
Gras |
Alain Cuniot écrit et parle
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- Co-fondateur avec Pierre
Bergé de La Patrie Mondiale - mensuel pacifiste auquel collaborent
Breton, Camus, Gide. Il signe ses articles sous le pseudonyme d'Alain Dereims. |
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- Auteur de Bubutz,
(créé au théatre 347). |
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- Amour Un (aux Éditions du Cercle). |
(Il interprète en tournée
Mes Enchevêtrements, avec son fils Denis Cuniot qui l'accompagne au piano.) |
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Divers extraits de presse sur Mes Enchevêtrements : « ...Il occupe l'espace... Sa mise en scène est synonyme de vie. Il n'y a plus de jeux... il est là avec nous. il a le regard exact des gens qui donnent. C'est rare... Son fils est au piano. ..., C'est lui qui compose les musiques... c'est superbe... Nous fermons les yeux, nous nous abandonnons... Alain Cuniot se glissant du bureau au piano déclamait ses textes avec la force de sa voix et de son cœur... "Ah vous allez m'entendre". Et nous avons entendu, partagé, applaudi... Denis Cuniot a "le regard de plaies". L'émotion. Sa présence, ses doigts sur le clavier sont en soi un état, une dimension... Les croche-pieds, les croche-cœurs du père, la musique du fils, c'était à ne pas manquer... ». |
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Extrait de presse sur
Poèmes du jour : |
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- Études sur la mémoire de
l'eau, l'homéopathie, la parapsychologie, la dianétique, etc... (Science et Vie,
Arts Sciences, Révolution).
- Auteur de L'Impératrice des Illusions; |
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- Organise la programmation
française au cours des Rencontres Culturelles de Moscou : Francis
Lemarque, Maurice Baquet, Michel Legrand, Les ballets Étorki, Hubert Rostaing,
Jarry Mengo, etc... |
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- Fondateur de deux
Café-théâtre: |
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- Fonde en Premier spectacle de Music-hall Scientifique !. - Organise le
Festival Science et Illusions avec le soutien du Ministère de la Recherche,
du Ministère de la Culture, et du Conseil Général du Val-de-Marne. |
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- Intervenant à l'Institut
des Hautes Études Cinématographiques (I.D.H.E.C.) et au Conservatoire du Cinéma. |
Mi-2008, Alain Cuniot repart de Montréal après 14 ans
pour s'installer à Uzès dans le Gard, Languedoc-Roussilon, en
France
coordonnées
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